Comprendre le syndrome pré-menstruel (SPM) et dysphorique pré-menstruel (TDPM)
Le challenge dont les femmes se passeraient bien...
Quelle femme n'a jamais ressenti, dans son corps, des événements bizarres, désagréables et inconfortables à l'approche de ses règles ?
👉 Tous les mois, et surtout depuis le confinement, je vis la période prémenstruelle comme un véritable calvaire : baisse de moral, insomnies, manque d'énergie, inquiétudes excessives, manque de concentration, irritabilité. Pendant les règles, mes crampes et migraines n'ont jamais été aussi fortes!
Me voilà à subir, plus d'une semaine par mois, mon corps et les symptômes d'un mal, qu'en tant que femmes, nous ne comprenons qu'assez peu.
J’en ai définitivement eu ma claque et j’ai décidé de me saisir à bras-le-corps des problématiques du cycle menstruel, et plus précisément de la période prémenstruelle. L’objectif que je m’étais fixé était de comprendre le fonctionnement de mon corps et de ses cycles, pour enfin traiter ses problématiques à la racine. A travers cet article, je souhaite partager avec un maximum de femmes les connaissances acquises au fil de mes recherches. Dans ce second article, je parle des moyens naturels pour soulager le SPM/TDPM.
⚠ Ce dont je parle dans cet article concerne les femmes traversant des SPM et TDPM sans pathologie, comme l'endométriose (qui demande un suivi et des connaissances plus spécifiques). Tu peux suivre ce MOOC sur l'endométriose, si tu souhaites t’informer sur le sujet.
🟥 Mon article a été écrit uniquement dans un but informatif. Je ne suis pas médecin, et je ne suis pas non plus spécialisée dans les troubles féminins. Ne me crois pas sur parole : cherche par toi-même, demande conseil à ton médecin, prend en considération tes problèmes de santé avant toute prise de compléments alimentaires, et agis selon ton propre discernement et à travers ton unique responsabilité (si tu es majeure).
🌟 N'hésite pas à rajouter ta pierre à l'édifice si tu veux faire figurer de nouveaux éléments à cet article, dans l'espoir qu'il devienne une base de connaissances commune solide. N'hésite pas non plus à corriger des erreurs ou imprécisions si tu en vois.
Bonne lecture !
Le SPM et le TDPM
Définition
“Le syndrome prémenstruel (SPM) regroupe un ensemble de symptômes physiques et psychologiques qui débutent quelques jours avant la période menstruelle et prend généralement fin quelques heures après le début des règles. Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) est une forme de SPM dans lequel les symptômes sont si graves qu’ils peuvent perturber le travail, les activités sociales ou les relations avec l’entourage.”
🩸Tu peux retrouver l'intégralité de la définition et des symptômes en cliquant ici
La polémique
En 2000, le TDPM apparaît dans les pages du DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Par la suite, il est classé dans le DSM-5 parmi les “troubles dépressifs”.
Comme beaucoup, je suis très heureuses de constater que le SPM et le TDPM sont de plus en plus pris au sérieux. Cependant, le cycle menstruel ayant toujours fait partie des prétextes bien choisis pour décrédibiliser les femmes et leurs "humeurs", cette classification soulève également de nouvelles inquiétudes.
Dans cet article, la psychologue et féministe Paula Caplan s'insurge contre l'inclusion du SPM/TDPM dans le DSM-IV,
"C'est une étiquette qui peut être utilisée par une société sexiste qui veut croire que beaucoup de femmes deviennent folles une fois par mois (...) Tout changement hormonal normal chez les personnes de l'un ou l'autre sexe peut exacerber les migraines, les problèmes de thyroïde, etc., mais personne ne suggère de qualifier... les changements hormonaux des hommes de maladies mentales." (traduit de l’anglais)
La reconnaissance de ces symptômes, qui prend dangereusement la forme d'une "pathologisation" pour certaines, pourrait conduire à renforcer les idées reçues sur les femmes... Et à transformer notre soulagement en vigilance à l'égard des personnes qui s’emparent du sujet !
Quelle prévalence ?
En me penchant d'un peu plus près sur la prévalence des phénomènes SPM/TDPM, j'ai rapidement été confrontée à un réel flou artistique.
En regroupant les résultats d’études portant sur différentes populations autour du globe, il n’est pas possible de dégager une tendance mondiale. Par exemple, 12% des françaises rapportent des symptômes de SPM, contre 98% des iraniennes ! Aux USA le taux serait de l'ordre de 20 à 30% des femmes interrogées. En ce qui concerne le TDPM, 4% de françaises seraient touchées, contre 17% de brésiliennes. Cette étude, qui fait la synthèse, souligne bien ces écarts vertigineux ! Cela semble varier d'un échantillon de femmes à l'autre, notamment en fonction de la méthode scientifique utilisée, des variations dans la représentation culturelle des symptômes, ainsi que de la capacité des sujets interrogés à les reconnaître.
Si on se fie aux chiffres du MSD, à l'échelle mondiale, nous serions 20 à 50% à expérimenter le SPM et 5% le TDPM, avec des estimations hautes pouvant aller jusqu'à 9%.
La mise en perspective de cet article fait froid dans le dos :
“Sur les quelque 450 cycles menstruels que connaît une femme au cours de sa vie (Halbreich et al., 2003), une femme qui présente les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel pendant une semaine par cycle connaîtrait 8,6 années cumulées de symptômes, ce qui est similaire à ce qu'une personne souffrant d'un trouble dépressif majeur récurrent connaîtrait au cours de sa vie (Kessler et Walters, 1998).” (traduit de l’anglais)
Quoi qu'il en soit, nous serions environ 90% dans le monde à rapporter au moins un symptôme lié au SPM, d'après cet article.
Comment survivre à ses règles ?
Le cycle menstruel - Comprendre ce qu’il se passe dans notre corps
Durant la phase folliculaire, le taux d’œstrogènes est haut tandis que le taux de progestérone est bas. Juste après l’ovulation (phase lutéale), c’est au tour de la progestérone de dominer les œstrogènes. C’est lorsque la progestérone chute (faute de fécondation de l’ovule), que les règles débarquent.
Tu l’auras compris, la période qui nous intéresse pour comprendre le SPM/TDPM, c’est la phase lutéale.
Pour en savoir plus : COLLÈGE NATIONAL DES GYNÉCOLOGUES ET OBSTÉTRICIENS FRANÇAIS
J'ai piqué l'image ici.
Fonction des œstrogènes et de la progestérone
Pour rentrer un peu plus dans les détails [1][2] (ça va nous servir pour la suite!) :
👉 Les œstrogènes potentialisent la libération du glutamate (lié à la plasticité synaptique, à l’apprentissage, et à la mémoire). Les œstrogènes favorisent également la synthèse de la dopamine, neurotransmetteur de la récompense qui régule le plaisir, la dépendance, la prise de décision, la motivation et l’apprentissage. Ce neurotransmetteur est synthétisé en début de journée et se transforme, dans la deuxième moitié de la journée, en sérotonine. La sérotonine contribue au sentiment de bien-être et agit sur la digestion, le sommeil, la sexualité, l’humeur mais aussi les fonctions cognitives. C’est de la sérotonine que dérive la mélatonine, l’hormone du sommeil.
👉 Pour sa part, la progestérone réduit l’excitabilité neuronale et inhibe la libération de glutamate induite par la dopamine. Elle permet surtout la relaxation en favorisant la réception des GABA, à l’effet anxiolytique. C’est principalement le métabolite (un dérivé) de la progestérone, l’allopregnanolone, qui est mis en cause dans cette action relaxante.
Effets antagonistes
👉 Par ailleurs, les œstrogènes peuvent avoir un rôle antagoniste à celui de la progestérone, en amoindrissant son effet relaxant.
👉 De son côté, la progestérone amoindri la recapture de la sérotonine, et par conséquent, son effet antidépresseur [3][4]. Cela s’explique par le fait que l’enzyme monoamine oxydase (MAO), jouant sur la disponibilité de la sérotonine, soit supprimé par la progestérone et favorisé par les œstrogènes [5].
🟣Pour résumer, le rôle global des œstrogènes est de donner de l’élan et de moduler l’humeur et les comportements, alors que la progestérone favorise la relaxation et apaise le système nerveux. Les deux hormones ne travaillent pas forcément en synergie et peuvent parfois entrer en conflit. On comprend pourquoi tous ces changements hormonaux ont un impact sur nos humeurs et comportements.
Les causes du SPM/TDPM
Différentes pistes ont été étudiées à la loupe, dans le but de comprendre le SPM/TDPM, qui, de toute façon, est multifactoriel… Sachant que les facteurs eux-mêmes semblent varier d’une femme à l’autre !
Les études sont souvent complexes pour quelqu’un.e qui n’a pas de réels bagages scientifiques (comme moi), la majorité est en anglais, et peu de choses semblent vraiment faire consensus. Je vais néanmoins tenter de synthétiser ce qui m’a paru le plus pertinent, compréhensible, et ainsi présenter les hypothèses qui sont revenues le plus souvent au fil de mes lectures.
Ce qu’il faut retenir c’est que personne ne sait, actuellement, ce qui cause véritablement le SPM et le TDPM. Cela ne nous empêche pas de nous tenir informées, ou de tester sur nous-mêmes certaines formes de cure non-invasives, si on le souhaite. Chez certaines femmes, cela a donné de très bons résultats.
1. Un taux d’hormones fluctuant ?
Les études ont longtemps pointé du doigt un déséquilibre hormonal pour expliquer le SPM/TDPM. En effet, il est normal que les humeurs fluctuent, mais c’est le déséquilibre hormonal qui semble être responsable des changements drastiques dans nos comportements et notre bien-être.
Deux type de déséquilibres pourraient expliquer ces fluctuations désagréables [6] :
👉 Une hyperoestrogénie caractérisée un taux trop haut d’œstrogène, et un taux normal de progestérone (hyperoestrogénie relative) ou bas (hyperoestrogénie vraie).
👉 Une hyperprogestéronémie caractérisée par un taux trop élevé de progestérone et un taux normal d’oestrogènes (hyperprogestéronémie relative) ou bas (hyperprogestéronémie vraie).
Si nous croisons ces deux types de déséquilibres avec les effets antagonistes des deux hormones présentées plus haut, cela nous amène à penser que… :
👉 Trop d’œstrogènes pendant la phase lutéale inhiberait les bienfaits anxiolytiques permis par la progestérone, conduisant à de la nervosité et de l'irritabilité. Au contraire, s'il n’y a pas assez d’œstrogènes, la disponibilité de la sérotonine et la dopamine diminue dans le corps, ce qui empêche à l’humeur de se moduler correctement et conduit à des états de déprime voire de dépression.
👉 Dans son ouvrage Period Repair Manual, Lara Briden explique que la progestérone aurait pour rôle de contrebalancer les fluctuations d'humeurs causées par les œstrogènes en détendant l'organisme. Mais la progestérone présente en excès, quant à elle, pourrait “trop” relaxer le système nerveux central et conduirait à un sentiment de déconnexion, de confusion, de dépression. Trop peu de progestérone pendant cette période, au contraire, conduirait à de l'anxiété.
Tout cela nous permet de deviner différents profils de SPM/TDPM, en fonction des déséquilibres hormonaux. C’est ce que l’on retrouve dans le travail de Guy Abraham schématisé ci-après [7][8], qui a créé quatre catégories de SPM reliées à quatre différentes causes potentielles.
Dans son livre No More PMS! [9], l'autrice estime que 80% des femmes seraient confrontées au SPM A, 60% au SPM H, 40% au SPM C et 20% au SPM D.
Elle précise néanmoins qu’une femme expérimente souvent plusieurs types de SPM au cours de sa vie.
Les migraines
Les migraines en phase lutéale seraient causées par la chute normale des œstrogènes, et les femmes de nature migraineuse peuvent constater que leurs migraines redoublent d'intensité durant cette période. Pour que les migraines soient considérées en lien avec le cycle menstruel, elles doivent avoir lieu entre deux jours avant les règles, et les trois premiers jours des règles [10]. Ces migraines pourraient également s'expliquer par un manque de mélatonine [11].
Les crampes
Ressentir des crampes le premier et le deuxième jour de règles est quelque chose de normal, si ces douleurs n’interfèrent pas avec les activités normales de notre vie. Ces douleurs sont liées à un état inflammatoire normal du corps.
Pour que les règles arrivent, la progestérone (anti-inflammatoire) doit se retirer pour permettre l'action inflammatoire des prostaglandines [12]. Les prostaglandines sont responsables des crampes nécessaires à l'évacuation du sang chaque mois, mais ne sont pas sensées causer des douleurs intenses et handicapantes [13]. Les douleurs intenses peuvent signifier qu'il y a un excès de prostaglandines pro-inflammatoires dans l'utérus : "La muqueuse utérine se dégrade au cours du cycle menstruel, ce qui crée davantage de prostaglandines, d'où une augmentation de la douleur." (traduit de l’anglais) [15]. A noter qu’un haut taux d'œstrogènes contribue également à accentuer les crampes [14].
Enfin, l'histamine peut également être la cause de crampes durant les règles. L'intolérance à l'histamine a surtout lieu durant les phases où les œstrogènes dominent la progestérone. Pourquoi ? Car les œstrogènes produisent de l'histamine, qui elle-même produit des œstrogènes ! Tu comprends donc que si ton corps est en excès d'œstrogènes, cela peut alimenter le cercle vicieux et créer des complications. Ce composé est normalement évacué par le corps via les enzymes diamine oxydase (DAO), mais les œstrogènes bloquent leur production et donc l'évacuation de l'histamine (contrairement à la progestérone qui les favorise).
"Les symptômes d’intolérance à l’histamine peuvent également être plus intenses pendant les menstruations. Les femmes intolérantes à l’histamine ont souvent des crampes menstruelles plus sévères, en particulier des crampes douloureuses dans l’abdomen. L’histamine est liée aux hormones sexuelles féminines : avoir beaucoup d’histamine dans le corps favorise la formation d’œstrogènes et inhibe la formation de progestérone. Par ce phénomène, les substances messagères de la douleur sont libérées en plus grande quantité, ce qui se répercute alors sur les symptômes menstruels qui deviennent plus sévères."
Pour en savoir plus, tu peux cliquer ici, ou ici.
Le transit
En phase lutéale, le taux de progestérone est haut, ce qui peut ralentir les contractions intestinales et provoquer la fameuse constipation d'avant règles [16]. Cette dernière peut être un terrain fertile aux crampes abdominales au moment des règles, notamment parce que l’utérus qui se dilate, compresse les intestins qui, un peu plus remplis que d'habitude, sont potentiellement plus douloureux. De plus, si elles ne sont pas expulsés par les selles, les œstrogènes restent bloquées et finissent par retourner dans le sang, ce qui peut créer un surplus d'œstrogènes dans l'organisme et alimenter l'inflammation et les crampes. Cet article pour plus d’infos !
La diarrhée pendant les règles, quant à elle, peut être causée par un excès de prostaglandines qui provoquerait des contraction jusque dans les intestins [17].
Bémol
D'après de plus récentes études, il semblerait que la théorie du désordre hormonal n’explique pas entièrement le SPM ou le TDPM.
👉 Même si tu as effectivement des taux anormaux de progestérone et/ou d’œstrogènes, il n’est pas dit que cela soit l’unique facteur qui doive être pris en compte ! De plus, certaines femmes traversant le SPM/TDPM n’ont pas de problématiques de dérégulation hormonale.
2. Un problème d’adaptation aux fluctuations normales des hormones ?
Du côté de la littérature scientifique plus récente, il aurait été démontré que les femmes qui vivaient un SPM ou TDPM n’avaient pas obligatoirement un niveaux d’hormones différents des autres femmes. En revanche, les femmes avec un SPM ou TDPM auraient une réponse anormale aux changements hormonaux normaux, indépendamment du taux de progestérone et/ou d’œstrogènes [18] [19].
“L'étiologie du TDPM est en grande partie inconnue, mais on s'entend généralement pour dire que la fonction ovarienne normale (plutôt qu'un déséquilibre hormonal) constitue le facteur de déclenchement cyclique d'événements biochimiques liés au TDPM dans le système nerveux central et d'autres organes cibles.” (traduit de l’anglais) [20]
En d’autres termes, le cœur de la problématique ne serait pas la production et le taux d’hormones mais la réponse à ces hormones [21]. De plus, il aurait été également découvert une place à l’hérédité et aux gènes dans la vulnérabilité au SPM/TDPM de certaines femmes [22] [23].
La progestérone et l’allopregnanolone mises en cause
Si on considère les fonctions normales de la progestérone, elle serait bénéfique à la détente, notamment durant les moments de la vie où les taux sont élevés (grossesse, phase lutéale). La progestérone, convertie en allopregnanolone (allo), calme les récepteurs GABA. L’effet anxiolytique et sédatif tranquillise, voire engourdit le corps et l’esprit [24].
Hypothèse 1 : le sevrage
Pendant la phase folliculaire et durant les règles, le taux de progestérone et d'allo est bas, tandis qu'il est haut en phase lutéale. Pour certains chercheurs, le sevrage rapide entre la phase folliculaire et la phase lutéale chez certaines femme pourrait expliquer cette altération de la fonction des récepteurs GABA juste avant les règles [25]. De plus, une chute plus brutale de la progestérone avant l’arrivée des règles en fin de phase lutéale a été constatée chez certains sujets traversant le SPM, comparé au reste de la population (qui connaît une chute plus progressive) [26][27][28]. Cela expliquerait l’anxiété excessive de certains sujets.
Hypothèse 2 : un dérèglement des récepteurs GABA
Néanmoins, pour beaucoup de femmes, les symptômes commencent avant la fin de la phase lutéale et parfois même juste après l’ovulation. La théorie précédente qui appréhende le SPM comme une mauvaise réaction au “sevrage” de progestérone ayant lieu juste avant les règles ne permet donc pas de comprendre toutes les expériences de SPM/TDPM. [29]
D’autres études mettent en cause un dérèglement plus large des récepteurs GABA. Ce dérèglement conduirait à une sensibilité beaucoup plus forte au stress et à l'anxiété et s’expliquerait par la difficulté des récepteurs GABA à s’adapter aux fluctuations hormonales normales [30][31].
“Certaines études suggèrent que les femmes souffrant du syndrome prémenstruel et du trouble prémenstruel ont une sensibilité fonctionnelle réduite du récepteur GABA-A en raison d'une réponse déficiente de l'allopregnanolone au stress.” (traduit de l’anglais) [32]
Autres pistes
Néanmoins, même si les femmes ont bien souvent des taux normaux de progestérone et d’allo, il arrive aussi que les causes du SPM s'expliquent par un taux plus faible d’allo en phase lutéale, conduisant à une carence en GABA, et une augmentation de l’anxiété [33].
Les femmes vivant un SPM auraient également du mal à produire des GABA pour répondre au stress en phase lutéale [34].
3. La sérotonine & l’hypersensibilité en question
Au sein des articles scientifiques que j’ai pu consulter, ce fameux manque de sérotonine chez les personnes vivant un SPM/TDPM est bien la seule chose qui fasse à peu près consensus (notamment pour les troubles à dominance psychique [35][36]).
💡 Ces résultats recoupent une autre recherche que j’ai faite sur l’hypersensibilité émotionnelle. En effet, les hypersensibles auraient un taux de sérotonine plus bas que la moyenne, ce qui expliquerait leur sensibilité - ou plutôt leur plus basse tolérance au stress. Les personnes dites “hypersensibles” seraient-elles plus vulnérables face aux SPM/TDPM?
L’œstradiol (œstrogène) a un effet positif sur la fonction sérotoninergique, mais les femmes vivant le SPM/TDPM montrent des anomalies de la fonction sérotoninergique particulièrement apparentes en fin de phase lutéale, lorsque les taux d'œstrogène ont diminué. La sérotonine est moins présente dans le sang, sa production est réduite [37], et les femmes réagissent également mal à cette baisse, ce qui provoque un état allant de la tristesse jusqu’au désespoir le plus profond.
Un dysfonctionnement au niveau des GABA peut également être le signe d’un manque de sérotonine, car sans sérotonine les récepteurs GABA ne peuvent pas fonctionner correctement. Un faible niveau de GABA indiquerait également un faible niveau de sérotonine [38].
Des études suggèrent que l’apport en tryptophane (dérivé de la sérotonine) peut avoir des effets bénéfiques sur l’humeur des femmes pendant la période de SPM/TDPM. Cet article de 2022 explique que la sérotonine reste un composé important dans la compréhension du SPM, car les femmes concernées par ce trouble ont une “transmission sérotoninergique atypique”, une densité basse de sérotonine, et une plus basse réactivité à la sérotonine durant la phase lutéale.
Cela explique pourquoi les antidépresseurs avec inhibition de la recapture de la sérotonine semblent particulièrement efficaces pour traiter le SPM/TDPM avec une prédominance psychologique lourde. Ce n'est pas nouveau, cet article, datant de 2000, en parlait déjà :
“Le système sérotoninergique fonctionne dans une relation de réciprocité étroite avec les hormones gonadiques et est considéré comme la cible la plus plausible d'interventions. Ainsi, outre des possibilités de traitement conservateur (modifications du style de vie et la gestion du stress, autres traitements sans antidépresseur ou interventions plus extrêmes éliminant complètement l'ovulation), les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (ISRS) semblent constituer le traitement le plus efficace.”
Il s'agit de la solution médicamenteuse la plus étudiée et la plus utilisée, car aucun traitement spécifique n'existe. En augmentant la disponibilité de la sérotonine dans l'organisme, les ISRS permettent de soutenir le bien-être général. Le seul problème est que la prise d'antidépresseurs au quotidien ou en intermittence (en phase lutéale) est un traitement lourd qui ne solutionne pas le fond du problème. Le côté positif, c'est que les femmes sous traitement ressentent les effets bénéfiques très rapidement (de quelques jours à quatre semaines), contrairement aux personnes en dépression ou anxieuses, qui mettent entre 4 à 8 semaines à en ressentir les effets [39].
4. Les causes exogènes
Enfin, même si nous examinons ici les pistes biologiques, il faut également souligner que certains facteurs externes peuvent influer sur les phénomènes de SPM/TDPM, et sont également observées dans les études.
Le stress, la fatigue chronique, la charge mentale, l'anxiété, le surmenage, les traumatismes, l'hygiène de vie... Tous ont une influence qui peut être importante sur l'intensité des troubles.
Durant le confinement, par exemple, les pharmacies ont vu leur vente de test de grossesse exploser ! Le stress causé par la situation a eu de sérieuses conséquences sur le cycle menstruel des femmes : absence de règles, décalage, SPM/TDPM beaucoup plus intense, etc.
Ces influences extérieures à notre corps, et qui dépendent de l'environnement proche comme moins proche, pourraient-elles en partie expliquer les écarts insensés entre les taux de prévalence cités en début d’article ?
Pour conclure & résumer
Les causes du SPM/TDPM et leurs prévalences ne sont pas des problématiques que l'on peut appréhender en un clic sur internet ! Cela s'explique probablement par la réalité multifactorielle et partiellement inconnue de ce trouble, mais aussi -peut être- par le manque de recherches à l'élaboration de typologies plus précises. Ce qui est préjudiciable pour la moitié de la population mondiale…
A défaut d'avoir découvert une cause et un traitement, nous avons cependant entre les mains quelques clés de compréhension qui nous permettent de questionner notre cas particulier, et de ne plus avoir la sensation que le fonctionnement de notre propre corps nous échappe complètement.
👉 Dans le prochain article, je parlerai des méthodes naturelles qui ont été étudiées dans le traitement du SPM/TDPM.